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sábado, 27 de agosto de 2022

 

Communistes nostalgiques contre internationalistes

La gauche russe se déchire sur l’Ukraine

Portée par de bons résultats aux élections législatives de septembre 2021, une nouvelle génération d’élus communistes espérait devenir la principale force d’opposition au Kremlin. C’était avant la guerre. Depuis, leur direction encourage les opérations armées en Ukraine tout en évinçant les dissidents. En dehors du Parlement, des militants de gauche continuent le combat.

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Tima Radya. – « Figure #1 : Stability », Russie, 2012
© Tima Radya - www.t-radya.com

Dans un discours prononcé le 21 février, trois jours avant l’invasion de l’Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a exposé les motifs idéologiques justifiant le déclenchement de la guerre. Pour lui, ce pays, dans ses frontières actuelles, serait une entité artificielle créée par le pouvoir bolchevique et « que l’on peut aujourd’hui désigner à juste titre comme l’Ukraine de Vladimir Ilitch Lénine ».

Si, en 2005, M. Poutine qualifiait la dislocation de l’URSS de « catastrophe géopolitique majeure », il estime aujourd’hui que la véritable tragédie a été la création même de l’Union soviétique : « Les erreurs stratégiques des dirigeants bolcheviques ont entraîné l’effondrement de notre pays uni », déclare-t-il ainsi, en reprochant à Lénine d’avoir inscrit dans la Constitution soviétique la possibilité pour chaque république de quitter l’Union. De fait, en faisant de la guerre en Ukraine une « véritable “décommunisation” », il souhaite tourner enfin la page de l’histoire soviétique pour en revenir aux principes de l’empire russe prérévolutionnaire. Cet anticommunisme déclaré n’a pourtant pas empêché le Parti communiste de la Fédération de Russie (KPRF) — ou plus exactement sa direction — de soutenir sans réserve l’« opération spéciale » en Ukraine. Or ce parti, le deuxième en nombre de députés à la Douma d’État, connaît depuis quelques années une importante transformation de ses militants et, surtout, de ses électeurs, dont certains se retrouvent aujourd’hui en butte à la répression du mouvement antiguerre.

Bien que le préambule du programme du KPRF proclame une filiation directe avec le parti bolchevique, c’est en 1993 que son histoire commence réellement. Deux ans plus tôt, peu avant la disparition de l’URSS, le président Boris Eltsine a dissous le Parti communiste soviétique, ce qui a entraîné l’émergence d’une multitude de groupes politiques de gauche, farouchement opposés à la « thérapie de choc » administrée ensuite à l’économie du pays. Pour les évincer, le gouvernement a choisi (...)

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