De gauche à droite, Jean Monnet, John Foster Dulles, Kirk
Spieremburg, Dwight D. Eisenhower, David Bruce, Franz Etzel, William
Rand. A Washington, Juin 1953.
A 82 ans, Henri Frenay, le pionnier de la Résistance
intérieure, fondateur du mouvement Combat, arbore une forme
intellectuelle éblouissante malgré sa surdité de l'oreille droite et sa
récente opération de l'estomac. Pourtant, il n'a plus que trois mois à
vivre. En ces jours de mai 1988, il me parle de l'Europe dans son
appartement de Boulogne-sur-Seine. De cette Europe fédérale dont il a
révé en vain entre 1948-1954. De la dette aussi que, en cas de succès,
le Vieux Continent aurait contracté envers les Américains, ceux
notamment du " Comité ". Et d'insister une fois, deux fois, dix fois,
tandis que moi, je m'interroge : pourquoi diable ce mystérieux " Comité "
revient-il à une telle fréquence dans nos conversations ? Pourquoi ?
Mais parce que Frenay me confie, avec il est vrai d'infinies précautions
de langage, son ultime secret : l'aide financière occulte de la CIA via
l'American Committee for United Europe - le Comité - à l'Union
européenne des fédéralistes dont il a été le président. Pour
reconstituer cette filière inédite, il me faudra une quinzaine d'années.
Un jeu qui en valait la chandelle puisqu'il me permet d'ouvrir, pour
les lecteurs d' Historia, la porte d'un des compartiments les plus secrets de la guerre froide...
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