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segunda-feira, 7 de janeiro de 2019

Congrès du PCF : un bilan plus que mitigé .

Par Georges Gastaud et Vincent Flament
Certains camarades fort estimables qui, il y a peu, agissaient avec le PRCF pour « les quatre sorties » (de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme), ont opéré un surprenant renversement d’alliances à la veille du « congrès extraordinaire » du qui s’est tenu en novembre 2018 : prenant pour chef de file le député André Chassaigne, dont l’euro-criticisme et l’attachement au marxisme-léninisme n’ont jamais été les identifiants majeurs, se rapprochant de la Fédération nordiste du [1] et, plus surprenant encore, de la très mutante Section économique du PCF[2], nos camarades ont tout misé sur la perspective d’une éviction de Pierre Laurent et de l’émergence d’une nouvelle direction nationale au sein de laquelle ils croyaient peut-être pouvoir disposer d’une plus grande influence pour diffuser des positions marxistes. Pour ce faire, ils ont cautionné un « manifeste pour un Parti Communiste du 21ème siècle » dont nous avons d’emblée souligné les graves carences et la logique franchement « mutante », à côté de quelques rares notations et allusions légèrement plus décentes d’un point de vue marxiste.

Le bilan un congrès qui n’a rien d’extraordinaire

Aujourd’hui, le bilan du congrès de novembre peut être dressé faits à l’appui, et franchement, il n’a rien d’ « extraordinaire » :
Certes, les interventions médiatiques du nouveau secrétaire national Fabien Roussel sont, dans leur forme, légèrement plus tranchantes que celles de Laurent : ce n’est pas un exploit tant ce dernier était fade et « euro-politiquement correct » ; mais même du point de vue du changement des têtes, la différence est faible puisque Laurent reste président du Conseil national du PCF et que sa tendance (appelons les choses par leur nom : le PCF est depuis longtemps un parti à tendances, comme toutes les formations social-démocrates) a amendé la « base commune » en profondeur, à la différence des ultimes marxistes qui adhèrent encore au PCF : en bref, ce manifeste, déjà très « mutant » à l’origine, aura surtout été amendé sur sa droite à l’issue du congrès. C’est le prix du compromis Laurent/Roussel, qui n’a donc rien d’anodin politiquement.
Sur le plan idéologique encore, il n’y a aucun redressement : le marxisme-léninisme reste forclos du nouveau « manifeste » où Marx ne retrouverait pas ses petits. Aucune référence à la « révolution », au rôle dirigeant de la et du monde du travail. Rien de clair sur la socialisation des moyens de production (comment ? Par l’expropriation des capitalistes, comme il se doit, ou par d’étranges montages public/privé ?) ; pas un mot sur la nationalisation des secteurs-clés de l’économie. Rien non plus sur le parti d’avant-garde et de combat. Aucune clarification sur l’UE puisque les « nouveaux » dirigeants, qui maintiennent l’affiliation du PCF au Parti de la gauche européenne[3], prônent l’invraisemblable utilisation de la BCE pour financer le très imaginaire service public européen ; conformément aux poncifs antisoviétiques de la « », l’URSS est globalement qualifiée d’ « échec » historique sans que soient pris en compte les immenses avancées historiques mondiales et nationales[4] qu’ont successivement apportées aux travailleurs de France et du monde Octobre 17et Stalingrad et sans que soient une seconde pointées les manigances antisoviétiques conjuguées du liquidateur Gorbatchev allié (qui se flatte publiquement d’avoir dynamité le socialisme !) et des impérialistes américains et allemands. En lieu et place de tout cela, on retrouve les billevesées habituelles sur l’introuvable « Europe sociale » et sur la réorientation de l’euro au service des peuples! Ne parlons pas de la fumeuse « visée communiste » qui est vidée de tout sens concret par le refus de quitter l’UE[5] et d’agir pour la révolution socialiste. Aucune condamnation non plus des ingérences impérialistes de Paris, notamment en Syrie, pas un mot de solidarité avec socialiste, avec le Venezuela bolivarien, avec le peuple ouvrier du Donbass ou avec le peuple palestinien. Pas une ligne non plus sur le lien à faire entre euro-austérité et marche otanienne vers les prodromes d’une troisième guerre mondiale exterminatrice. Où diable est donc passé le Parti communiste français né à Tours en 1920 par affiliation à l’Internationale communiste et par rupture intégrale avec l’impérialisme-colonialisme français ? Rien non plus sur la reconquête de l’indépendance nationale (qu’est devenu le grand parti qui unissait le drapeau rouge au drapeau tricolore et qui combattait de front la Communauté européenne de défense ?) comme condition nécessaire, sinon suffisante, à la sortie révolutionnaire du capitalisme-impérialisme et de son UE anticommuniste de combat ? Jusqu’à cet incroyable article récent de l’Humanité regrettant, sous la plume de P. Barbancey, le retrait américain de Syrie (https://www.humanite.fr/syrie-trump-choisit-erdogan-contre-les-kurdes-665468) !
Sur le plan des pratiques concrètes, non seulement le PCF n’a pas vu venir l’immense ras-le-bol pré-insurrectionnel des Gilets jaunes, non seulement il ne s’est jamais distancié des états-majors syndicaux faisant leur possible pour sauver Macron avec leurs communiqué commun condamnant « la violence » (celle des masses, pas celle de Macron !) et appelant au « dialogue social » bidon façon Laurent Berger, mais ce parti sera resté inaudible durant tout le mouvement. C’est quand même incroyable qu’un parti « communiste » disposant encore d’un réseau d’élus dans le pays et de coquets financements d’Etat nationaux et européens, ne sorte pas renforcé d’un tel mouvement lequel a, globalement, condamné TOUS les partis et TOUS les syndicats : ce qui devrait questionner chacun sur le degré d’ « installation » dans la société capitaliste de permanents à vie et dynastiques à la tête d’organisations issues du mouvement ouvrier…
Sur le plan électoral, le congrès du PCF n’était pas encore fini que ses vrais gagnants futurs, les grands élus du PCF avides de reconduire les alliances avec le et ses débris, type « Génération-S », appelaient déjà à des listes d’ « union de la gauche » (le seul « dogme » que le PCF ne remettra jamais en cause !) dès le premier tour, avec le . Pire, c’est Hervé Poly, le secrétaire de la fédération prétendument « identitaire » du Pas-de-Calais, qui annonçait dès novembre, dans la Voix du nord, une liste -PCF à Lens en rupture avec toute l’histoire de sa fédé et de la section PCF de Lens : celles-ci avaient toujours jusqu’ici  présenté une liste indépendante du au premier, voire au second tour de la municipale ! On peut aussi s’attendre à ce que la liste /PCF/Verts soit reconduite à Paris, et cela d’autant plus que Ian Brossat, adjoint au maire « communiste » de la social-libérale Anne Hidalgo à Paris, pilotera la liste du PCF-PGE aux européennes, si possible dans le cadre d’une alliance avec… Benoit Hamon ! Que c’est beau, décidément, l’ « identité communiste » retrouvée !
On voit ce que valent dans ces conditions les critiques au vitriol des nouveaux dirigeants du PCF contre Mélenchon et la France insoumise. Certes ces derniers ne sont pas exempts de fautes et de dérives sérieuses et le PRCF, qui avait accordé à Jean-Luc Mélenchon[6] un « soutien critique » lors de la présidentielle, ne s’est pas fait faute d’exprimer publiquement ses désaccords avec la France insoumise, notamment sur ses atermoiements à propos de l’UE (lire : https://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/lettre-a-la-france-insoumise). Si bien que la promesse faite par la nouvelle direction de présenter désormais des listes propres au PCF aux différentes élections est, en réalité, fort équivoque : zéro soutien, fût-il critique, à Mélenchon, ce qui pourrait s’entendre à la rigueur si le PCF revenait à ses fondamentaux prolétariens, mais qui, en la circonstance, fait figure de « coup de main » indirect au PS ou à Hamon : or ces derniers sont mille fois plus infréquentables que Mélenchon sur l’UE, l’euro, l’OTAN, l’opposition à Macron, Cuba, le Venezuela, la Palestine, l’Ukraine, etc. Surtout si ce « cavalier seul » électoral du PCF signifie union dès le premier tour avec le PS lors des municipales, nouvel appel dérisoire à « utiliser le bulletin Macron » lors d’un éventuel second tour présidentiel (« pour battre l’extrême droite », comme si l’Etat policier macroniste n’était pas lui-même déjà fascisant et ultra-répressif !), et bien entendu, « union de la gauche » systématique avec les super-maastrichtiens du PS au 2ème tour des législatives ! Bref, la critique de JLM produite par le PCF-PGE se fait, comme d’habitude, sur la droite de la France Insoumise : elle est donc le strict symétrique de la critique (non dénuée de soutien quand la F.I. ou ses détachements « républicains » font un pas dans le bon sens, ou quand la France Insoumise est réprimée par le pouvoir), de la critique du PRCF qui lui, veut construire un nouveau CNR et une France franchement insoumise (F.F.I.) à l’ensemble des partis fascisants ou social-maastrichtiens en place.

Franche renaissance communiste ou… révolution de palais ?

Il faut donc regarder les choses en face : le PRCF avait raison de parler d’emblée de « révolution de palais » à propos du remplacement de Laurent par Roussel puisque, outre le fait que l’ancienne équipe euro-réformiste reste aux manettes, la ligne du PCF n’a globalement pas bougé dans le bon sens, celui de l’euro-criticisme de classe et du marxisme-léninisme ; elle a même empiré sur certains points : le retour complet au bercail de l’union des euro-gauches lors des européennes et des municipales, et cela, dès le 1er tour, fédés « identitaires » en tête !
Mais, dira-t-on, avec Roussel, le PCF actuel sera désormais plus « identifié », voire plus « identitaire » ? Allons donc, puisque sans la moindre discussion au congrès, l’emblème ouvrier et paysan universel du communisme, la faucille et le marteau, a été officiellement déclassé au profit d’une étoile rouge agrémentée d’une « boucle » dont on ne sait si elle se réfère à l’Ecologie ou au « E » de l’Europe… Par ailleurs, dans le droit fil de la « mutation » impulsée naguère par Robert Hue, le nouveau secrétaire national Fabien Roussel s’est immédiatement signalé par des déclarations publiques droitières (condamnation de la propriété collective des moyens de production et de la souveraineté nationale, hommage à Soljenitsyne… – voir par exemple : https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/proletaires-gilets-jaunes-meme-combat-fabien-roussel-est-linvite-des-matins)

Pour le parti communiste

Dès lors, nous interpellons fraternellement à nouveau les camarades du PCF et des JC qui se veulent communistes et marxistes en dépit des orientations crûment euro-réformistes du PCF-PGE. Aux plus avancés d’entre eux, nous proposons de mettre leurs idées en accord avec leur choix d’organisation en rejoignant le PRCF et les JRCF. Et à tous ceux qui veulent rester au PCF parce que, ici ou là, ils estimeraient avoir encore des marges d’action communistes intéressantes (mais quoi de plus urgent pour un communiste que de reconstruire le Parti INDEPENDAMMENT des naufrageurs réformistes ?), nous tendons de nouveau la main en leur proposant :
  • De participer à nos côtés au Tour de France du Frexit progressiste pour débattre de la question stratégique majeure : euro-constructivisme réformiste plaçant les progressistes à la remorque des contre-réformes de l’UE, du syndicalisme d’accompagnement et de la social-démocratie, ou bien rupture franche, par la gauche,avec l’euro et l’UE-OTAN, de manière à rouvrir à notre peuple la voie du socialisme pour la France ?
  • De travailler à des tracts communs en direction des usines, des autres entreprises, des facs, des lycées et des services publics, pour construire dans les luttes, avec les militants du syndicalisme de classe qui refusent le « dialogue social » bidon, le « tous ensemble en même temps », tout en remettant au débat la question de la révolution socialiste pour la France et du communisme véritable, 100% anticapitalisteet anti-impérialiste, pour toute l’humanité.
  • De travailler ensemble à une digne célébration rouge du 100èmeanniversaire du congrès de Tours (1920) où, sans atermoyer sans fin, les éléments révolutionnaires du prolétariat français répondirent à l’appel de Cachin, Lénine et Zetkin en se séparant des réformistes et sans écouter les sempiternels conciliateurs « centristes » qui suivaient alors la tendance Longuet. Communistes, on est plus faible quand on s’arrime aux euro-réformistes sous couvert d’ « unité » sans principes que lorsque l’on coupe franchement avec eux, car ils ne sont rien d’autre que les relais objectifs de la bourgeoisie à la tête du mouvement ouvrier !
Ce choix de classe est aussi un choix patriotique. Il s’impose à l’heure où l’entreprise macro-maastrichtienne de démontage de la France se heurte à la colère grandissante des travailleurs et d’une partie des couches moyennes et où, de plus en plus, notre peuple sera forcé de choisir entre son euro-désintégration fascisante et le Frexit progressiste dans la visée d’une rupture totale avec la domination capitaliste.
  • Georges Gastaud
  • Vincent Flament
30 décembre 2018

[1] Qui, sous la conduite d’Alain Bocquet, alors président du groupe parlementaire du PCF, et de la « ministre communiste » de Jospin Michelle Demessine, a avalisé toute la mutation huiste et a soutenu mordicus l’aventure social-maastrichtienne de 97/2002 : gouvernement de privatisations, de mise en place de l’euro, de guerres impérialistes en Afghanistan et en Yougoslavie…
[2] Qui sous la conduite de MM. Boccara père et fils a fourni tout l’arsenal idéologique de la « mutation » révisionniste : la « mixité sociale public-privé », les « nouveaux critères de gestion » dans le cadre de la propriété privée maintenue des grands moyens de production, l’autogestion sans renversement du pouvoir capitaliste et de l’Etat bourgeois, sans parler de ces vésanies que sont le « service public européen » dans le cadre de l’UE, ou la « réorientation progressiste de la monnaie unique » (conçue de A à Z pour étrangler les salariés !)…
[3] Ce fil à la patte maastrichtien caractérisé, qui est aux partis ex-communistes ce que la C.E.S. est aux ex-syndicats de classe, sert de courroie de transmission permanente entre les PC décommunisés d’Occident et l’Internationale socialiste.
[4] Sans Stalingrad et la victoire de l’Armée rouge sur Hitler, les acquis du CNR que nous défendons encore aujourd’hui et qui ont fait l’immense popularité du PCF des années 50 à 70, eussent été impensables. C’est le MEDEF lui-même qui l’a confirmé dans un édito scandaleux mais célèbre de Denis Kessler paru en novembre 2007 dans la revue Challenges.
[5] Laquelle définit un espace totalitairement ANTICOMMUNISTE : interdiction galopante des PC à l’Est, montée des fascismes est-européens et de la fascisation en France et en Europe de l’Ouest, tout cela sur fond d’ « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée ».
[6] à juste raison, car l’enjeu en 2017 était de sauver l’espace politique à gauche, menacé d’effacement complet au début de la campagne électorale)

La rédaction vous propose également de revenir sur le déroulement de ce congrès et de retrouver les actes publiés par le PCF

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