Sobre
o LivroAvril
1943: trois mois après la défaite nazie à Stalingrad et alors que la
Wehrmacht reflue vers l'ouest, Joseph Goebbels annonce que l'armée
allemande a exhumé à Katyn, prés de Smolensk, un charnier contenant
plusieurs milliers de prisonniers de guerre polonais. Souhaitant sans
doute ainsi diviser le camp allié, il impute ces massacres aux
Soviétiques en les datant du printemps 1940, soit avant l'invasion
allemande du 22 juin 1941.
Dès le début, le rapport nazi, concocté visiblement à la va-vite,
présente des incohérences, notamment le fait que les douilles des balles
retrouvées sont de marque allemande. Les Soviétiques récusent aussitôt
les allégations allemandes ; le gouvernement polonais en exil à Londres,
en revanche, s'empresse de valider la version nazie. Septembre 1943:
ayant reconquis la région de Smolensk, les Soviétiques entament une
contre-enquête; ce sera le rapport Bourdenko qui atteste du fait que les
Allemands ont capturé ces prisonniers de guerre polonais après
l'invasion de l'URSS et les ont exécutés en 1941.
Des documents trouvés sur les cadavres, postérieurs au printemps 1940,
sont ainsi présentés aux observateurs internationaux. La propagande de
Goebbels devient néanmoins, surtout à partir du maccarthysme, un dogme
anticommuniste de la guerre froide. En 1992 les antisoviétiques exultent
lorsque Boris Eltsine remet ou gouvernement polonais un dossier secret
attestant prétendument de la culpabilité des Soviétiques.
Dès 1995, ce rapport est néanmoins invalidé par des enquêteurs russes
indépendants, qui montrent notamment que le tampon utilisé sur rune des
lettres contenues dans le dossier secret est celui du PCUS (nom du parti
communiste à partir de 1952), alors qu'en 1940 le parti portait encore
le nom de Parti communiste pansoviétique (bolchevik). C'est ce tampon
pour le moins anachronique que nous reproduisons en couverture du
présent livre au-dessus du cartouche de titre (voir aussi la légende de
l'illustration de cette couverture en page 2).
On aurait pu en rester là, n'eût été la découverte faite, en 2011 d'un
charnier à l'Ouest de l'Ukraine à Volodymyr-Volynskyï. Le site présente
des balles allemandes datées de 1941, porte la marque indéniable des
méthodes utilisées par le SS Jeckeln et contient les dépouilles de
femmes exécutées avec leurs enfants — alors que les Soviétiques,
contrairement aux nazis, n'ont jamais, nulle part, exécuté d'enfants.
Mais on y trouve aussi deux badges de policiers polonais qu'on avait
présentés comme ayant été tués lors des massacres de Katyn et enterrés à
1 200 kilomètres de là. Cela atteste du fait que les prisonniers de
guerre polonais n'ont pas été exécutés en 1940 mais ont été capturés
puis assassinés par les nazis après l'invasion de 1941. La thèse de la
culpabilité soviétique à Katyn s'effondre. Dans ces conditions, une
question se pose: continuera-t-on encore longtemps d'enseigner dans nos
écoles la propagande de Joseph Goebbels?
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